Cher journal de bord,
Aujourd’hui, je souhaitais te raconter comment j’en suis venue à devenir autrice à temps plein grâce à la reconversion professionnelle.
Pour cela, je dois remonter courant 2022. À ce moment-là, je suis cheffe de produit dans une entreprise d’édition de logiciels métiers depuis environ un an. En outre, j’ai la chance de travailler à domicile à temps plein. Je m’entends bien avec la plupart de mes collègues, qui apprécient mon travail, j’ai une certaine flexibilité dans mes heures de travail, et je suis bien rémunérée. On pourrait presque dire que j’ai un job de rêve. Presque, parce que, comme partout, rien n’est jamais tout rose. Mais, dans l’ensemble, le travail se passe bien.
Sauf que, plus les jours passent et plus je sens qu’il me manque quelque chose. Cette petite étincelle qui te fait te lever le matin et pour laquelle tu pourrais faire des heures sup et en redemander.
Tu l’auras compris, il me manque la passion.
En parallèle, j’écoute le podcast d’une femme qui est coach en développement personnel et qui m’a beaucoup aidé sur plusieurs sujets. Elle propose alors un atelier pour trouver sa mission de vie. L’idée est de faire le point sur ce qui t’anime vraiment dans la vie. Comme je suis un peu paumée, je me dis que ça ne peut pas mieux tomber. Et là, comme tu t’en doutes, c’est la révélation.
Tout pointe vers le métier d’écrivain.
J’en ai toujours rêvé, mais à la sortie des études, j’ai enfoui ce désir tout au fond de moi par peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que ce ne soit pas un vrai métier, peur que ce soit pour les autres qui ont du talent et pas pour moi, et j’en passe.
Le problème c’est que cette vérité, je ne veux plus la taire. Or, je suis en CDI. Si je démissionne, je n’aurai pas droit au chômage. Je prends le temps de réfléchir. Vraiment.
Plusieurs mois passent. On est en novembre 2022 et j’en viens à la conclusion que j’ai quelques économies de côté. Je pourrais vivre au moins un an dessus et essayer de vivre mon rêve.
Je parle alors de mon projet à mon chéri. Et là, il m’offre une option dont je n’ai pas connaissance : la démission-reconversion. C’est un dispositif créé en novembre 2019 qui donne la possibilité de démissionner tout en ayant droit à l’allocation chômage pour aider à se lancer dans un projet de reconversion. Bien évidemment, il y a certaines conditions.
Je me rends sur le site demission-reconversion.gouv.fr pour savoir si je suis éligible.
Je découvre en étape 1 les conditions (en vigueur à ce moment-là) :
- Il faut être salarié en CDI au moment de la démission
- Il faut justifier d’au moins 1300 jours travaillés dans les 60 derniers mois (soit 5 années d’activité continue)
- Il faut avoir un projet de reconversion professionnelle bien préparé et reconnu comme étant réel et sérieux.
Je remplis les deux premières conditions, mais j’ai des doutes pour la troisième. Le métier d’écrivain étant précaire, je me demande si on peut vraiment considérer le fait de vouloir vivre de l’écriture comme un projet réel et sérieux.
En étape 2, on nous informe qu’avant de démissionner, il est obligatoire de demander un CEP (conseil en évolution professionnelle) auprès d’un des opérateurs dédiés pour finaliser son projet.
Je me dis que « Qui ne tente rien n’a rien ! ».
Je contacte l’APEC qui s’occupe des salariés cadres et je discute avec une dame adorable qui me dit qu’elle n’a jamais monté de dossier dans le cadre d’une reconversion en tant qu’écrivaine, mais qu’elle n’y voit pas de problème tant qu’on prouve que le projet est réel et sérieux. Elle devient alors ma conseillère.
C’est lors de ce premier échange qu’on définit aussi mon projet de reconversion.
En effet, on peut faire une reconversion soit dans le cadre d’un projet de formation ou un projet de création ou de reprise d’entreprise. Dans mon cas, je décide de partir sur la première option qui me semble la plus pertinente. Dans le deuxième cas, il faut faire une analyse de marché et autant dire que c’est très compliqué d’avoir des chiffres. D’autant que je souhaite devenir autrice indépendante et ne pas passer (pour le moment) par l’édition traditionnelle et les maisons d’édition.
S’en suivent alors deux mois de recherches et d’écriture pour monter un dossier béton. J’ai plusieurs points avec ma conseillère pour suivre mon avancée et elle me donne de précieux conseils.
Début janvier, je suis fin prête.
Je l’envoie en Commission. Il me faudra ensuite attendre un mois qu’arrive la date de passage de mon dossier.
Pour être tout à fait honnête, je ne pense pas recevoir une réponse positive. Même si j’ai prouvé ma détermination et ma connaissance du métier, je crains toujours que le métier d’écrivain soit mal perçu et pas considéré comme un « vrai métier » (syndrome de l’imposteur quand tu nous tiens).
Le 10 février 2023, suite à l’étude par la Commission de mon dossier, on me confirme du caractère réel et sérieux de mon projet.
Dire que je suis extatique tient de l’euphémisme tellement mon cœur déborde de joie. Le jour même, je dépose ma démission sans attendre. Bon, je surprends plus d’un collègue qui ne s’y attend pas, dont ma cheffe, mais moi je suis aux anges. Il me faut attendre encore mes trois mois de préavis.
Le 10 mai 2023, je quitte officiellement mon emploi en toute sérénité.
Et je démarre mes formations. Une en mai et la seconde en juin, mais leurs histoires seront pour une autre fois.
Ce que je retiens, c’est que dans la vie, il faut se donner les moyens de vivre ses rêves et d’y croire (et aussi d’avoir un chéri qui a de super bonnes idées), car pour moi, il n’y a rien de plus triste que les regrets.
Si tu veux échanger sur le sujet, n’hésite pas à me contacter par e-mail ou via le formulaire de contact.
J’espère que ces dispositifs ne changeront pas trop à l’avenir, car ils peuvent permettre à d’autres de trouver leur réelle vocation. Si tu as aussi envie de tenter l’aventure, je te conseille d’aller te renseigner directement sur les liens officiels, puisque les choses peuvent changer à tout moment.